Viens boire et oublie... [Ft. Belgique]

« Vous pouvez vous arrêter, Monsieur. »

La vieille voiture s'arrêta en une grande expiration de vapeur qui sortit de l'énorme pot d'échappement. Le moteur avait clapoté pendant toute la durée du voyage. Tellement que ce bruit répétitif continuait de tourner dans l'esprit de Francis.
Il était venu en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles dans le but de voir sa chère amie et également demi-soeur, la nation belge elle-même. Il avait donc, après avoir pris le train, demandé un taxi pour arriver près de son lieu de travail afin de lui ramener quelques robes qu'elle lui avait commandé.

Pourquoi une nation travaillait-elle d'ailleurs ? Et bien, depuis que l'ancien royaume mondial avait été mis en place, les nations avaient plus de temps pour elles. Elles pouvaient ainsi s'occuper avec un travail, se voir plus souvent entre elles ou bien voir directement ses citoyens sans être sans cesse derrière un chef de gouvernement puisque maintenant le seul chef était...Evander.

Ah...Evander...Il ne savait pas quoi en dire...Enfin si, il savait...Il savait qu'il était à son service et qu'il devait lui obéir. Depuis son discours qui avait fait froid dans le dos de Francis, la nation française préférait se tenir à carreau. Ce discours, si péjoratif et haineux envers les nations et surtout sa dernière réplique si ironique et piquante à l'égard des quelques unes présentes dans sa demeure, avait réveillé une sorte de rébellion en Francis. Comment pouvait-il vouloir la fin des nations ? C'était impossible ! Ces arguments étaient faux également, ce n'était pas les nations qui provoquaient les guerres, ils en subissaient surtout les conséquences ! Enfin, cela, Francis ne pourra jamais le dire à Evander...S'il essayait, qui sait ce qui se passerait ? Francis n'était pas humain mais il subissait la douleur, et encore, si on lui faisait du mal directement, cela ne le dérangeait pas, non...Ce qui lui ferait le plus de mal, c'était de s'en prendre à des personnes qui lui étaient chères. Comme les autres nations ou bien ces citoyens. Et ça, Evander se ferait sans doute un plaisir de mettre les craintes du français à exécution.
Pourtant, Evander n'avait pas été toujours ce gosse si égoïste et avide de pouvoir...Après tout, la paix persistait et elle continuait d'exister...Alors...Alors pourquoi vouloir éliminer les nations maintenant ?
Francis n'en savait rien...Mais il le saurait bien assez tôt. Après tout...Il le servirait même jusqu'à combattre les nations contre l'Empereur. Oui, il le devait. Pour ces citoyens, pour ses amis et pour...Arthur.

Le français paya donc le chauffeur de taxi et se retourna. Devant lui se trouvait la brasserie de sa tendre Anri. La façade était chic, propre à Belgique. Il s'avança, sa valise à la main, et entra dans le bar.
Il y avait du monde aujourd'hui. Des belges, des français, des néerlandais...Un petit peu de tout en fait ! Ils brayaient fort, d'ailleurs...Il y avait de l'ambiance au moins !
Il vit la belle blonde, toujours avec sa petite bouche à l'aspect félin. Elle était toute jolie, Anri. Elle portait toujours le ruban rouge que Francis lui avait offert, il y a déjà bien longtemps. Elle avait toujours ses magnifiques yeux verts et ce regard si pétillant. Ils ne s'étaient pas vu depuis longtemps. A vrai dire, ils ne se voyaient plus beaucoup, depuis la fin de l'Union Européenne...Ils n'en avaient plus l'occasion.

Le français marcha en direction de son amie.

« Bonjour Anri, comment vas-tu ? Ça fait longtemps n'est-ce pas ? J'ai ce que tu m'as demandé avec moi ! »

Il montra sa valise à la nation belge et regarda un peu autour de lui. La décoration avait changé depuis la dernière fois. On avait la sensation d'être comme chez soi, avec un aspect confortable, convivial, tout en restant sobre voire rustique. Toujours avec cette ambiance victorienne propre au monde d'aujourd'hui...

Il se tourna de nouveau vers Belgique, attendant sa réponse...

Elle avait toujours le même sourire, Anri. Toujours ce même sourire éclatant et malicieux malgré tout. Malgré tout.
France n'était pas dupe, derrière ce masque joyeux se cachaient toutes les angoisses, toute l'incompréhension de la belge. Depuis le discours de l'empereur, rien n'allait vraiment ; tous les esprits, humains comme nations cogitaient ; personne ne comprenait.
Le but de l'empereur ? Tous les anéantir et prendre la totalité du pouvoir sans doute.
Son argument ? Dire que les nations étaient à l'origine de tous les maux sur cette planète.
Mais quelles seraient les conséquences de ces disparitions ? Evander y avait-il seulement pensé ? Alors, pendant que les uns voulaient se rebeller et que les autres préféraient servir l'empereur, certains restaient passifs en pensant aviser au moment opportun.
Francis faisait parti de la seconde catégorie, les "sbires" de l'Empereur. Il refusait d'être considéré ainsi mais avait-il le choix ? C'est vrai, après tout, il avait choisi son camp. Il avait beau être le pays des Droits de l'Homme et des libertés, il avait décidé d'être soumis à cet humain. Mais il le faisait pour protéger sa famille et ses amis, comme la jolie blondinette en face de lui qui continuait de le regarder de son regard angélique et de son sourire sincère.
Cependant, certaines questions que se posait France restaient encore sans réponse : allaient-ils vraiment mourir et disparaître, comme ça, d'un coup ? Deviendront-ils alors des humains comme les autres ? Le monde pouvait vraiment tourner sans nations ? Sinon, qui prendrait leur place ? Une toute nouvelle nation ou bien l'Empereur lui-même ?
Oui, trop de questions sans réponses auxquelles il avait réfléchi avec Autriche. Comme quoi, parler autour d'un verre avec lui n'était pas si mal.

« Bonjour Francis ! Je vais très bien, comme d'habitude ! Et toi, comment va ? Tu as fais bon voyage ? Tu veux boire quelque chose ? Bien sûr, c'est gratuit ! »

Le nombre de questions contenu dans cette seule réplique de Belgique le décontenança. Il réfléchit un instant avant de répondre.

« Je vais très bien ma belle. En ce moment, les affaires sont bonnes chez moi. Ta brasserie a l'air d'autant bien marcher dis-moi ? J'ai remarqué que tu as changé la décoration ! Ça rend très bien ! »

Suite à la réponse de la nation française, la belge lui tendit une carte avec les différentes boissons disponibles, ainsi que la carte des vins. Adorable ! Elle pensait vraiment à tout.

« Je vais prendre un verre de Bordeaux 2020, s'il te plait. »

Il vit la blonde se retourner et se mettre au travail. Elle prenait apparemment du coeur dans sa tâche et si ça lui permettait d'échapper aux actualités tant mieux...

Francis tendit l'oreille pour écouter les différentes discussions qui rendaient vivante cette brasserie. La plupart portait évidemment sur le discours d'Evander. Beaucoup semblait parler de Belgique, et ça elle devait l'entendre et essayer de ne pas écouter, mais on parlait aussi de lui. Comme quoi on l'avait tout de suite reconnu quand il était entré ici. Sans doute à cause de son physique si fabuleux et magnifique (modestie level 100).

Il ouvrit sa valise où les quelques robes y étaient posées.
Il en sortit une et la mit près de son propre corps.

« Alors, qu'en dis-tu ? N'est-elle pas superbe ? Cette robe en soie ornée de dentelle irait parfaitement avec la couleur de tes yeux je trouve, je t'ai même créé un chapeau pour les grandes occasions. »

Francis esquissa un sourire et posa la robe sur le comptoir en prenant une autre en même temps.

« Où celle-ci ? »

Il tourna sur lui-même, faisant virevolter la robe par la même occasion.
Il regarda un instant la blonde et perdit un petit peu son sourire.

« Anri, j'aurais une question à te poser...C'est à propos de ce qu'il se passe en ce moment...»